lundi 13 octobre 2014

Histoire parallèle : 13 octobre 1914-2014 -
Le Havre en France devient la capitale provisoire de la Belgique.

étendard royal de la Belgique en 1914
timbre belge de 1920 avec le
portrait du roi Albert Ier, en
uniforme de soldat au combat, rôle dont
il s'acquittera pendant tout le conflit, en
 Commandant en chef de l'Armée belge,
alors que d'autres auraient préféré l'exil.
  L'armée belge, après avoir retenu jusqu'à 150 000 Allemands autour d'Anvers avec ses trois ceintures fortifiées, depuis le 28 septembre 1914 doit abandonner le 10 octobre la ville bombardée par l'ennemi.  Ce qui reste de la courageuse armée belge va faire retraite derrière l'Yser près de la frontière avec la France, sur un tout petit territoire où elle fera front victorieusement, réunie aux armées française et anglaise. Des inondations étendues sur la plaine flamande par l'ouverture des vannes entraînant l'irruption de l'eau de la Mer du Nord dans les terres dont le niveau est situé sous le niveau de la mer, permettent d'établir une barrière naturelle contre l'ennemi. Le commandement de l'armée belge avec à sa tête l'indéfectible roi Albert Ier établit son quartier général dans la station balnéaire flamande de De Panne, dans le petit territoire non occupé.
Entrée des troupes allemandes et prise d'Anvers le 10 octobre 1914 - carte postale allemande
carte postale allemande illustrant la prise d'Anvers, ville en flammes.
Sceau allemand pour les Postes et
Télégraphes en Belgique occupée

La Belgique entière restera occupée pendant toute la guerre, sauf derrière cette ligne de front de l'Yser. Les Allemands ont déjà installé à Bruxelles depuis le 26 août 1914, un gouvernement militaire sur tout le territoire occupé appelé :  Kaiserliches Deutsches Generalgouvernement Belgien (Gouvernorat général  impérial allemand de Belgique) qui sera maintenu jusqu'à la fin de la Guerre.
 Les populations civiles souffriront beaucoup de cette défaite et vivront très mal la présence étrangère. Un grand nombre de représailles et d'exactions seront perpétrées par les soldats allemands dès le mois d'août 1914 dans les villes et villages de Belgique, entraînant morts de civils arbitraires et massacres inutiles, à rajouter aux soldats belges tombant sur le front.

carte allemande montrant les divisions administratives de la Belgique occupée (sauf Furnes (Furnen) et Poperinghe à
l'extrémité ouest qui ont résisté durant toute la guerre).
A la suite de l’invasion allemande, le Gouvernement Belge prend la décision de s’enfuir et demande l’hospitalité aux autorités Françaises qui acceptent et lui proposent un site balnéaire sur la côte normande. Le gouvernement est contraint de s'installer à Sainte-Adresse, dans la banlieue du Havre, à partir du 13 octobre 1914.
 En effet, Sainte-Adresse, dans le département de la Seine-Maritime, bénéficie de plusieurs résidences de luxe , le "Nice havrais",construites par un promoteur nommé Dufayel et la plupart sont encore inoccupées. Dès le 13 Octobre 1914, deux navires entrent au port du Havre, avec à leur bord, les membres du Gouvernement Belge.
La petite ville est ainsi transformée en véritable siège des autorités belges avec une intendance et une logistique capable de restituer une maitrise des affaires courantes de la Belgique envahie.
 La ville de Sainte-Adresse, située aux portes du Havre, devient le siège du Gouvernement Belge durant la période de la guerre 14-18. Elle devient en quelque sorte la capitale provisoire de la Belgique et vit sous le double drapeau belge et français, présents sur les bâtiments et monuments officiels de la commune.

L’Hôtellerie Normande sert essentiellement de résidence commune pour les ministres  (elle sera détruite en 1944)

Le gouvernement belge en exil, avec les familles et les fonctionnaires, occupent plusieurs bâtiments officiels et villas de maîtres. L’Hôtellerie Normande sert essentiellement de résidence commune pour les ministres et cadres, la villa Louis XVI est désignée comme Ministère de la Guerre…
Malheureusement, lors de bombardements alliés en septembre 1944, la plupart de ces beaux bâtiments seront réduits en cendres.
source texte :  http://1914-18.be/mibb/ste-adresse/


 Les bâtiments qui ont accueilli le gouvernement belge ont certes pour la plupart disparu, malheureusement, emportés par la guerre suivante, encore plus destructrice. Mais exceptionnellement, le souvenir du passage de la délégation belge est inscrite dans l'héraldique locale et cela c'est indéfectible !
Sont concernées deux villes : Le Havre d'abord dont le blason ancien a subi une augmentation pour l'occasion, ainsi que la cité balnéaire de Sainte-Adresse dont le blason a été créé et adopté peu de temps après la Grande Guerre.

chromo cadeau publicitaire pour collectionneurs portant
 le blason du Havre vers 1920
le blason du Havre en 1914 :
 "de gueules à la salamandre d'argent couronnée
 d'or sur sa patience du même, au chef cousu
d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or".
le blason de la Belgique  :
de sable chargé d'un lion d'or armé et lampassé
 de gueules (de l'ancien duché de Brabant)
le blason du Havre modifié en 1926 :
 "de gueules à la salamandre d'argent couronnée
 d'or sur sa patience du même, au chef cousu
d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or, au franc-
canton brochant de sable chargé d'un lion d'or armé
 et lampassé de gueules".

En 1926, comme nous le voyons ci-dessus, la ville du Havre décide de rajouter un franc-canton * aux armes de la Belgique sur son blason historique remontant au XVIe siècle avec la salamandre, emblème personnel du roi François Ier qui a fait aménager ce petit port du "Hâvre de Grâce" pour remplacer celui de Harfleur, plus en amont sur l'estuaire de la Seine, devenu inutilisable, car trop envasé.
Le roi de Belgique Albert Ier et son entourage autorisèrent l'emprunt du blason aux armes anciennes du Brabant, en souvenir de l'exil du gouvernement belge pendant la guerre d' octobre 1914 à décembre 1918, et en remerciement pour le bon accueil réservé aux familles des fonctionnaires et des ressortissants belges dans toute la région havraise.

(*) le franc-canton est une pièce de premier ordre en héraldique, toujours placée en chef à dextre quand on rajoute le terme de "franc-", et égale à 1/3 de la hauteur et au 1/3 de la largeur de l'écu, soit 1/9 de sa surface théorique, si c'était un quadrilatère. C'est comme si extrayait la première pièce d'un équipolé, par exemple. Dans notre exemple du Havre, elle occulte donc entièrement la fleur de lis dextre. Pourtant on continue de blasonner " ...au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or..." alors qu'on n'en voit que deux. C'est pour cette raison aussi qu'un décrochage, qui peut paraître disgracieux, apparait par rapport au bord inférieur du chef, mais c'est la règle... héraldique ! Car le chef est une pièce honorable qui est de la même hauteur que la largeur d'un pal, c'est-à-dire 1/3 de la largeur de l'écu... qu'on aurait basculé dans le sens horizontal. 
Un exemple parfait pour les matheux désirant briller en société : géométrie et héraldique.. c'est cadeau.
 En gros si vous voyez des blasons du Havre avec le canton placé pile dans l'alignement du chef : ils sont erronés ! et il y en a beaucoup... faites une recherche d'images sur internet, c'est éloquent. Ou alors, au mieux, c'est parce que l'écu s'inscrit dans la forme d'un quadrilatère parfaitement carré, pourquoi pas ! dans ce cas uniquement, il y a alignement, CQFD.


Mais c'est à Sainte-Adresse, la ville balnéaire située au nord du Havre, que les structures et les bâtiments hôteliers destinés initialement au séjour de vacanciers fortunés (nommé le Nice havrais) ont été mis à disposition pour le fonctionnement en exil de l'état belge. Une poste belge ( voir carte postale ci-dessus)  y fonctionna même et avait l'autorisation d'affranchir tout le courrier avec des timbre belges, acheminé par la suite par la poste française qui apposait son cachet. Des documents très recherchés par les philatélistes encore aujourd'hui.

C'est en 1924 que la commune Sainte-Adresse adopte un blason. Il est inspiré des armes de la famille Legrand, avec inversion des quartiers, qui possédaient la seigneurie de Vitanval sur le territoire de la commune jusqu'à la Révolution française. Comme pour Le Havre, la commune bénéficia de l'autorisation de charger ses armoiries d'un écusson aux couleurs du drapeau belge, cette fois : noir-jaune-rouge, blasonné désormais "tiercé en pal de sable, d'or et de gueules".

version du blason utilisé pour le visuel
de la commune de Sainte-Adresse  :
"Écartelé, au premier et au quatrième d'azur
 à une tour d'argent maçonnée de sable, au deuxième
et au troisième de gueules à une coquille d'or,
 à la croix d'or, chargée en abîme d'un écusson
 tiercé en pal de sable, or, gueules".
version du blason de la commune de
Sainte-Adresse dans la plupart des armoriaux :
même blasonnement qu'à gauche,
mais la croix est "engrêlée".
 Le Havre - Sainte-Adresse, le  4 octobre 2014 : cérémonie officielle de la commémoration du centenaire de l'exil
du gouvernement belge avec la présence  du roi Philippe de Belgique (ci-dessus, à droite s’apprêtant à dévoiler la plaque commémorative)
  source photos : Ministère de la Défense - http://www.defense.gouv.fr/actualites/



sites à visiter pour compléter la documentation :
- histoire :  1914-18.be/mibb/ste- adresse/
          ou : www.normandie-1914-1918.com
- cartes postales anciennes : dionysiens.free.fr/

- et aussi :  une chronique vidéo de Denis Joulain sur  TVNC concernant les deux blasons
(cliquer sur l'image pour activer le lien) :
http://www.tvnc.tv/Les-cinq-minutes-de-l-heraldique-normande-%E2%80%94-Le-Havre-Sainte-Adresse_v314.html




                   Herald Dick



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